lundi 17 décembre 2018

La vérité sur la mort de Rebecca

Monsieur de Winter et sa femme se retrouvent dans la cabane où sont restées toutes les affaires de Rebecca après le crash d’un bateau en mer près de la demeure de ce couple. Monsieur de Winter s'apprête à dire tout ce qui s'est passé le jour de la mort de son ex-femme.
 
On appelle flashback au cinéma le procédé qui consiste à interrompre une scène qui montre le présent des personnages pour montrer à l'écran une scène qui s'est déroulée dans le passé. Ici Hitchcock n'utilise pas de flashback, il passe par le discours de Maxim de Winter en l'illustrant par les images du décor ou s'est déroulé la scène dramatique de la mort de Rebecca et en l'accompagnant de mouvements de caméra particulièrement évocateurs. 
 
C'est Maxime qui raconte à sa deuxième épouse ce qui s'est passé. Les mouvements de caméra suivent donc les étapes du récit en adoptant le point de vue de Maxime. 



https://www.attpac.org/on-sale/2015/rebecca/

Tout d'abord, l'extrait s'ouvre sur un plan d'ensemble du point de vue de madame de Winter: nous voyons Maxime debout, enveloppé d'un manteau trop large. Ensuite un panoramique latéral suit les mouvements de Maxime.
                                                                                                                                           
Le décor et les accessoires sont beaucoup trop grands, comme le canapé ou le manteau de Maxime, ce qui souligne l'infériorité du personnage dans cette pièce où Rebecca prend beaucoup de place. 

 
De plus lorsque que Maxime raconte sa conversation avec Rebecca, Hitchcock met en place un plan spécial en filmant un cadre vide qui nous permet de suivre les mouvements de Rebecca bien que ne nous la voyions pas. Cela nous permet d‘imaginer la posture et l’attitude de Rebecca lors de l’interaction avec Maxime. 

 
Enfin, tout au long de cet extrait sont mises en valeur l’infériorité et la faiblesse de Maxime qui jusqu’ici étaient inexistantes ou peu visibles. On peut à présent ressentir la sensibilité du personnage.


Lisa Ngoane, 1ère L2


samedi 8 décembre 2018

Rebecca, un film sombre

Alfred Hitchcock, de son vrai nom Alfred Joseph Hitchcock, est un réalisateur, producteur et scénariste britannique. Il est né 13 août 1899 et mort le 29 avril 1980. Ses œuvres les plus connues et appréciées sont Les Oiseaux, un thriller sorti en 1963 ainsi que Psychose,un film d'horreur sorti en 1960. Quant à Rebecca, sorti aux États-Unis en 1940, c'est une adaptation du roman de Daphne du Maurier paru en1938. C'est un drame et un thriller, en noir et blanc, et il n'est sorti en France qu'en 1947, soit 7 ans après.

Le genre gothique en littérature naît au Royaume-Uni au XVIIIème siècle, avec des œuvres comme Le Château d'Otrante ou Les Mystères d'Udolfo. Il fut influencé par l'expressionnisme allemand au XXème siècle. Les cinéastes jouaient sur l'intensité expressive en utilisant du maquillage blanc et noir pour accentuer les expressions. Le gothique aime les ambiances inquiétantes, mystérieuses, ainsi que le sentimentalisme et le macabre.

Rebecca présente de nombreux éléments empruntés au style gothique littéraire :  les décors, les personnages et les situations.

En effet la majeure partie du film se passe dans un manoir, celui de Manderley, en Cornouailles. Les manoirs, châteaux et autres bâtiments du passé sont des décors typiquement gothiques. On retrouve aussi la cabane abandonnée ainsi que la tempête. Plus le film avance, plus le décor s'assombrit, tout comme les personnages qui au fur et à mesure dévoilent leur sombre histoire.

Le personnage le plus représentatif du style gothique est évidemment Mme Danvers, la gouvernante. En effet elle est  vêtue de noir, possède un teint pâle, et reste mystérieuse. C'est une femme inquiétante, on devine sa présence par le son de ses pas. Rebecca appartient aussi à l'univers gothique, puisque même après sa mort, son souvenir continue de hanter les personnages. Mme Danvers et Rebecca ont chacune quelque chose de la femme fatale dans leur manière d'être.

Certaines situations sont typiques du gothique, comme la scène avec Mme Danvers qui pousse au suicide et torture psychologiquement la nouvelle Lady de Winter, la mort de l'ancienne maîtresse de maison, ou encore la fin tragique du manoir qui finit brûlé par Mme Danvers, dans la scène finale du film.


Lara Michel et Nolwenn Rolland

vendredi 7 décembre 2018

La chambre interdite

Analyse de séquence : La chambre de Rebecca 

Rebecca fut le premier film américain réalisé par Alfred Hitchcock, réalisateur, producteur et scénariste de cinéma britannique. Ce film sorti en 1940 est une adaptation du roman de Daphne du Maurier, publié en 1938, un immense succès de librairie.

Rebecca raconte l'histoire d'une demoiselle de compagnie originaire de la classe moyenne qui épouse un aristocrate anglais, Monsieur de Winter, veuf depuis peu, et qui doit affronter une fois au domaine de son époux, l'image parfaite de Rebecca, la première épouse, qui hante encore les lieux. Mme Danvers la gouvernante compare constamment la jeune femme avec la défunte. La différence sociale entre elle et son mari ne facilite pas non plus la tâche à notre héroïne.

La séquence dans la chambre de Rebecca commence à partir de la montée des escaliers par Mme de Winter. Hitchcock crée une atmosphère oppressante grâce à un plan moyen en contre plongée qui accentue la taille écrasante des escaliers. De plus un plan rapproché sur Mme de Winter transmet ses émotions face à cette porte angoissante et interdite, la porte de la chambre de Rebecca. Ce plan est accompagné d'un travelling arrière pour accompagner le personnage dans sa démarche. Il est suivi d’un plan subjectif de sa main sur la poignée afin que le spectateur soit totalement immergé dans le point de vue de la jeune femme. Ensuite un plan d'ensemble sur une partie de la chambre peu éclairée rend le personnage principal minuscule dans cette pièce immense et austère. Cette chambre est à l'opposé même du personnage avec ses rideaux fins et soyeux, son grand lit à baldaquin majestueux, ses meubles précieux et surtout sa coiffeuse digne d'une princesse.

Un des plans clé de cette séquence est le mouvement des rideaux qui suggère l'arrivée fantomatique de Rebecca. Le personnage de Mme de Winter est très angoissé et effrayé car elle se trouve dans un lieu qui lui est interdit. Ses sentiments sont accentués par l'entrée de Mme Danvers et l'ouverture magistrale des rideaux sur les grandes baies vitrées. Après cet événement Mme Danvers emmène Mme de Winter à la penderie de Rebecca pour lui montrer les tenues de Rebecca, en particulier un précieux manteau de fourrure, en opposition avec la tenue très sobre de Mme de Winter pour insister sur l'infériorité de sa classe sociale. On peut également parler de la tenue sombre de Mme Danvers qui représente le gardien de la chambre de Rebecca. 

Mme Danvers exprime une sorte de passion charnelle pour Rebecca lorsqu'elle se caresse la joue avec le manteau de fourrure ce qui met mal à l'aise Mme de Winter, encore plus lorsque Mme Danvers lui caresse aussi la joue avec ce même manteau et lui montre tout le linge de chambre fait sur mesure de Rebecca. Ce sentiment de malaise s'aggrave encore lorsqu'elle est assise à la coiffeuse et que Mme Danvers reproduit le mouvement de brossage de cheveux qu'elle faisait à Rebecca. 

Mme Danvers montre encore son fort attachement à Rebecca quand elle déclare qu'elle a brodé ses initiales sur son linge de chambre mais aussi lorsqu'elle montre sa nuisette transparente. Cependant Mme de Winter n'ose même pas regarder, son malaise s'aggrave jusqu'à la suffocation, elle subit une sorte de torture de la part de Mme Danvers. 

Mme de Winter décide donc de la fuir en quittant cette scène affreuse pour elle et en laissant Mme Danvers seule avec ses souvenirs. Cette séquence se finit par un fondu sur la scène suivante avec en surimpression des vagues se lançant à l'assaut du rivage, autre symbole de Rebecca, morte noyée.

Timon Renard et Tessa Mary

Rebecca, un film efficace


Rebecca est un thriller et un drame. C'est le premier film américain d' Alfred Hitchcock réalisé en 1940 qui est une adaptation du roman éponyme de Daphne du Maurier. Dans ce film nous retrouvons Laurence Olivier et Joan Fontaine dans les rôles principaux. Alfred Hitchcock est un réalisateur, producteur, scénariste britannique né le 13 août 1899 et mort le 28 avril 1980. Il réalisa de nombreux longs métrages comme Rebecca, Psychose, Les oiseaux ou encore Sueurs froides. Il est connu pour ses thrillers et le suspense qu'il met dans ses films, ce qui lui vaut son surnom de « Maître du suspense ».

Ce film raconte l'histoire d'une demoiselle de compagnie issue d'un milieu modeste qui rencontre Maxim de Winter, un noble anglais qui tombe amoureux d'elle. Il l'épouse et décide de l'emmener vivre dans sa demeure de Manderley. Au fil de l'histoire, la jeune femme se rend compte que l'ex épouse de Maxim, Rebecca, est morte mystérieusement, et le comportement de la famille semble étrange à son sujet. Au fur et à mesure du film, l'ambiance dans la demeure est de plus en plus mystérieuse, jusqu’à ce que la nouvelle dame de Winter se rende compte de la terrible vérité.

Certes l'action se traîne parfois, l'intrigue prend du temps à se mettre en place, et certains personnages se montrent trop passifs par moments comme l’héroïne, qui évolue cependant tout au long de l'histoire. Néanmoins ce long métrage reste un très bon film, l'histoire est intéressante, on a envie de connaître la vérité des la première minute du film jusqu’à la fin. L'ambiance générale est parfaite, les lieux choisis créent une atmosphère fantastique, que Manderley soit une immense demeure de style gothique y est pour beaucoup. Le fait que le film est en noir et blanc accentue cette ambiance oppressante. Le scénario est bien trouvé, c'est une sorte de crescendo, du moins au plus stressant suite aux retournements de situation finaux qui sont captivants. Les acteurs choisis par Hitchcock correspondent parfaitement aux personnages qu'ils interprètent. D’ailleurs certains se démarquent par le fait qu'ils sont plus attachants que d'autres. Le titre, malgré sa simplicité est trompeur car il nous fait réfléchir sur sa signification tout au long du film, a première vue, nous pensions que c'était le nom de l’héroïne alors que non. On découvrira au fur et à mesure qui est la personne qui se cache derrière ce nom.

Ainsi, ce film qui date des années 40 reste très actuel par son histoire, son ambiance et ses personnages. Il développe une tension de plus en plus forte jusqu’à la découverte des secrets de Rebecca, ce qui entraîne un enchaînements de coups de théâtre qui mènent jusqu'à un final inattendu.

Léane Maire et Nathan Faucon, 1ère L2

Image
http://www.fanpop.com/ 

jeudi 6 décembre 2018

Parlez-nous de Rebecca

 Interview imaginaire d'Alfred Hitchcock

- Parlez-nous donc un peu de Rebecca.
- C'est un film dramatique, un thriller qui est le seul de mes films qui ait remporté l'oscar du meilleur film. C'est une adaptation du roman de Daphne du Maurier dans lequel un homme en deuil épouse une jeune dame de compagnie.
- Avez-vous pu y ajouter votre touche personnelle ?
- Oui, l'humour est apporté grâce à Joan Fontaine qui joue Mrs. de Winter, elle accumule les gaffes et malgré ses efforts reste maladroite. Elle brise une statuette de valeur par exemple, et telle une enfant elle la cache.
- Les acteurs choisis incarnent-t-ils bien leur rôle?
- Parfaitement ! Je désirais un certain physique pour Mme Danvers, et ce fut une évidence pour moi que Judith Anderson saurait avec un peu de maquillage apporter le malaise que je recherchais pour ce personnage. Quant à Lawrence Olivier, son regard était celui que Maxime de Winter devait avoir.
- Joan Fontaine a elle aussi bien su montrer les différents états d’âme de Mrs de Winter. Je pense sincèrement qu'elle a participé au succès de votre film.
- C'est vrai. J'ai aussi beaucoup compté sur la popularité du roman.
- D’où votre slogan : «Vous avez aimé le roman ? Vivez le film ! »
- En effet.
- N’était-ce pas trop difficile de rester fidèle au livre?
- Si, j'ai d’ailleurs du transformer la mort de Rebecca en accident afin de passer la censure.
- Je vous remercie pour le temps que vous m'avez accordé.
- Il n'y a pas de quoi.
- Au revoir !

Sana Benallel

Le code Hays, un jeu pour Hitchcock

Comment dans Rebecca, son premier film américain, Hitchcock joue-t-il avec le code Hays ?

Le code Hays aussi appelé Motion Picture Production Code est un code américain de censure s'appliquant à la production de films. Il fut crée en mars 1930 par le sénateur William Hays, président à l'époque de la Motion Pictures Producers and Distributors Association. Il fut imposé par les ligues pour la vertu américaines, des représentants de l’Église catholique romaine, dans le but de purifier le cinéma de ses mauvaises influences sur la population. Il fut rédigé pour éviter de nombreux scandales gênant l'image d'Hollywood. Ce code fut appliqué de 1934 à 1966.

Dans ce code on censure les scènes sexuelles, de mort, de violence, ou encore de nudité… Les baisers étaient même chronométrés ! 
 https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/


Comment Hitchcock joue-t-il avec le code Hays ? 

Tout d’abord ce réalisateur a utilisé ce code dans son film afin d’éviter les scandales, mais pour un homme de sa renommée, il ne s'agissait pas seulement de respecter les règles mais aussi de jouer avec la mise en scène.
Dans Rebecca, son premier film américain, il y a plusieurs scènes autocensurées. En effet on apprend le décès de la précédente femme de Monsieur de Winter, Rebecca, mais quand Maxime nous explique la mort de sa première épouse, on ne la voit pas, la scène n'est que décrite par Monsieur de Winter. 
 https://www.nytimes.com/watching/lists/alfred-hitchcock-movies

Puis, on a également la scène de fin où Madame Danvers meurt écrasée par le toit. Au début on la voit courir dans le manoir a travers les flammes, pour autant la scène n'est pas violente, en effet les flammes sont éloignées du personnage.
https://black-and-white-movies.com/rebecca-hitchcock/

Lors de sa mort, l'image est cachée on voit le toit en feu s'effondrer mais on ne voit pas la femme mourir.

https://www.pinterest.fr/benoitmars/acdlf-rebecca/

Il existe également des scènes de sexe qui ne sont pas montrées, en effet l'acte est évoqué mais pas explicitement notamment les nombreuses aventures de Rebecca.
Les scènes de baisers entre les personnages principaux sont très chastes, filmées sous un angle vertueux, en plus d'être peu nombreuses, car on n'en compte que deux.
 https://variety.com/1940/film/reviews/rebecca-1200413156/

Lors de la découverte du corps de Rebecca, son mari se rend a la morgue pour identifier le cadavre. Le seul plan tourné est celui où les trois hommes, vus de dos, sont penchés vers quelque chose, ce qui évoque le corps de la défunte.

Cyril Herbin & Tess Lanfranchi 1èreL2

De Menabilly à Manderley, l'histoire de Rebecca

Interview imaginaire de Daphne du Maurier

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- Bonjour madame du Maurier. Nous vous accueillons aujourd'hui dans le cadre d'une projection de l'adaptation de votre livre Rebecca qui a eu lieu il y a de cela quelques jours et que nous avons eu l'honneur de visionner. Nous allons donc procéder à une interview pour notre magazine Marie Marcelle. Nous savons que vous êtes née le 13 mai 1907 à Londres et que vous êtes romancière mais également nouvelliste ou encore dramaturge britannique ! Votre œuvre Rebecca a eu un grand succès. Pourriez-vous nous parlez de Manderley le lieu central de cette histoire ?

- Pour tout vous dire, c'est une manoir délabré qui m'a inspiré ce lieu qui n'existe pas. Mon père avait une propriété en Cornouailles et lors d'une promenade, j'ai eu un coup de foudre pour ce lieu situé près de notre propriété. J'ai donc pris l'initiative de louer cette demeure et de la faire rénover. Ce manoir s'appelait Menabilly. L'histoire du fantôme de la dame en bleu, le carnage qui se déroula pendant la Guerre Civile, sa grande fenêtre face à la mer ainsi que son isolement loin du monde m'avaient frappée. L'histoire de ce lieu me semblait être le bon endroit où mettre en scène l'histoire à laquelle je pensais... J'ai un peu honte de l'admettre, mais je crois que je préfère « Mena » aux gens.

- Vous aimez ce lieu à ce point ! En parlant d'inspiration, pouvez-vous nous en dire plus à propos du prénom Rebecca, qui alors qu'il n'est pas commun est utilisé plusieurs fois dans vos différentes œuvres ?

-Il est vrai que je l'ai utilisé plusieurs fois. La première fois c'était pour ma nouvelle La Poupée et pour la protagoniste qui nourrit un lourd secret et pour qui il fallait un prénom puissant et envoûtant. J'en ai essayé plusieurs comme Jane, Olga, Lola mais aussi May, je désespérais d'en trouver un qui convenait mais lorsque j'ai écrit le prénom Rebecca sans y penser, j'ai su que c'était le bon. Je l'ai réutilisé dans Rebecca car il convenait parfaitement au personnage.

- Et à travers Rebecca, que vouliez- vous faire vivre à vos lecteurs ?

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- Eh bien, je pense qu’inconsciemment j'ai voulu faire vivre ce que je ressens pour Menabilly mais également mettre certains des éléments qui font son charme à l'écran, comme la proximité à la mer ou bien même le fantôme de la dame en bleu que Hitchcock à part ailleurs réutilisé dans son affiche du film !


- Êtes-vous satisfaite de l'adaptation que Hitchcock a faite de votre roman ?

- Par rapport à l'adaptation de ma nouvelle Les Oiseaux, elle est bien plus fidèle à mon œuvre et ne reprend pas uniquement son canevas. De plus, Hitchcock respecte bien l'ambiance qui règne à Manderley ainsi que ses autres caractéristiques, ce qui est très important car c'est l'élément central de l'histoire. Je trouve aussi que les acteurs sont également bien choisis, notamment Mrs. Danvers qui réussit à inspirer le malaise lors de ses apparitions, ce qui je pense ne doit pas être la chose la plus évidente à jouer.

- Nous nous demandions aussi quel avait été le passage le plus marquant à écrire…

- Essayez de deviner !

- C'est peut-être la première scène lorsque l'on voit les ruines de Manderley et que l'on ne sait pas si la personne qui parle est vivante ou non ; ou bien le passage où Mrs. Danvers perd complètement l'esprit et où elle décide d'incendier la maison ; voire lorsque Mme de Winter découvre pour la première fois la chambre de Rebecca.
- C'est à vous de vous faire votre propre opinion car je pense qu'il faut conserver une part de mystère, comme je l'ai toujours fait dans mes romans.


Margaux Hélin et Joséphine Sosson


Images
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La domination de Rebecca et de madame Danvers

Rebecca est un film d'Alfred Hitchcock sorti en 1940. Les personnages principaux viennent de se marier et la nouvelle madame de Winter, qui n'est pas issue du même milieu social que son époux, découvre sa nouvelle demeure. Dans l'extrait que nous allons analyser, madame de Winter va dans le bureau de la défunte Rebecca de Winter.

Alfred Hitchcock utilise les ressources du cinéma pour montrer que la nouvelle madame de Winter est dominée par madame Danvers et le fantôme de Rebecca, notamment par l'environnement qui l'entoure. Au début de l'extrait quand elle rentre dans le bureau, la caméra suit le chien de Rebecca qui sort du bureau. Il représente cette dernière, et l'exclusion de la nouvelle madame de Winter par la maison. Ainsi dès que la jeune femme entre dans la pièce, il en sort ! Par la suite, elle regarde le bureau où sont étalés plusieurs carnets appartenant à l'ancienne madame de Winter. Ils envahissent complètement le cadre, ce qui représente la domination de Rebecca sur la maison et la nouvelle madame de Winter.  Celle-ci ouvre un carnet où le nom de Rebecca est inscrit en gros sur un carnet d'une écriture stricte prenant de nouveau toute la place. La scène est filmée en caméra subjective, c'est-à-dire du point de vue de la jeune femme.Quelques secondes après, le téléphone sonne et l'interlocuteur demande madame de Winter. Celle-ci répond, comme une secrétaire, que madame de Winter est décédée il y a plus d'un an. La nouvelle madame de Winter ne se considère même pas elle même comme l'épouse de Maxim de Winter, mais plutôt comme une simple employée du couple… Elle ne se sent pas à sa place.

Madame Danvers, la gouvernate, apparaît alors. En plan rapproché taille, elle s'approche du bureau et la caméra recule devant elle en suivant son mouvement, comme si elle avait peur de cette femme. Grâce notamment à sa robe et sa coiffure très autoritaires, madame Danvers inspire la crainte dès le début.  Elle engage la conversation avec la nouvelle madame de Winter.  Alfred Hitchcock montre sa domination par un champ-contre-champ qui commence du point de vue de madame de Winter qui est assise. Ainsi, madame Danvers la surplombe. Ensuite, la caméra se place du côté de madame Danvers, qui montre en plongée la jeune épouse, complètement écrasée.

Ainsi,cette scène montre bien la domination de madame Danvers et de Rebecca présente dans tout le film. Alfred Hitchcock le montre par les décors, les costumes, les personnages, les plans et bien d'autres ressources. Cependant, la jeune madame de Winter évoluera au fil du film...

Ilona Delise et Margaux Mussari 1ère L2



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Le voile mystérieux

http://fabrice-colin.over-blog.com/archive/2014-01/
Alfred Hitchcock ainsi qu'Orson Welles, Fritz Lang, John Ford et Marcel Carné sont des réalisateurs des années 40 qui apprécient particulièrement les effets spéciaux car ceux-ci permettent de tourner en studio des scènes qui donnent l'illusion de décors réels.
Les trucages dans les films d'Alfred Hitchcock sont assez récurrents. En effet, on les retrouve dans The Birds (1963), Vertigo (1958) ou encore Psycho (1960). Ainsi Hitchcock dans la plupart de ses films, utilise des matte painting, des trompe-l’œil ainsi que des maquettes. 
 
Dans Rebecca (1940), Hitchcock commence directement avec une maquette du manoir de Manderley. Au tout début, cette maquette donne l’impression que la grande maison est occupée avec les effets de lumières créés à l'intérieur, puis quand la caméra se rapproche du manoir, la constatation que celui-ci est délabré, légèrement détruit et de ce fait inhabité nous montre très clairement que Manderley est une maquette. Cette dernière est aussi reprise à la fin du film, quand la demeure prend feu à cause de Mme Danvers, ce qui n'aurait pas été forcément possible avec une véritable maison, ce qui explique ce choix.
 
De plus, un autre trucage qui revient assez souvent est le matte painting, technique utilisée dès les débuts du cinéma. Selon Wikipedia, "le matte painting est un procédé cinématographique qui consiste à peindre un décor sur une surface plane,  en y laissant des espaces vides, dans lesquels une ou plusieurs scènes filmées sont incorporées". La plupart du temps, les peintures sont exécutées sur des plaques de verre par des peintres professionnels qui maîtrisent les lois de la perspective. Différents procédés permettent de faire la fusion entre l'image peinte et la scène filmée. Le matte painting revient beaucoup moins cher que la construction de gigantesques décors ou la fabrication de maquettes. Dans Rebecca, le matte painting a été utilisé pour l'habitation ainsi que pour la scène du café. Grâce à ce moyen, peu cher et fonctionnel, les coûts sont réduits pour donner de bonnes illusions, qui arrivent à tromper et à déjouer la vigilance du spectateur. 
 
Les trompe l'oeil sont aussi assez fréquents dans Rebecca, notamment à l'intérieur de la grande demeure, avec la présence de ces immenses portes donnant l’impression que les acteurs sont écrasés par elles. 
 
Les effets spéciaux présents dans le film permettent de ce fait de créer un véritable impact émotionnel et physique sur les personnages qui subissent la pression du gigantesque manoir de Manderley.

« Hitchcock est [...] l'un des plus grands inventeurs de formes de toute l'histoire du cinéma. Seuls peut-être, Murnau et Eisenstein peuvent, sur ce chapitre soutenir la comparaison avec lui. [...] À partir de cette forme, en fonction de sa rigueur même, tout un univers moral s'est élaboré. La forme, ici, n'enjolive pas le contenu, elle le crée. Tout Hitchcock tient en cette formule. »
          Conclusion du livre Hitchcock d'Eric Rohmer et Claude Chabrol,1957


                                                                                      Amélie Forêt et Mathias Lefebvre















Une chambre révélatrice

Le film Rebecca d'Alfred Hitchcock est un thriller et un drame sorti en 1940. Il est adapté du roman éponyme de Daphné du Maurier qui a été publié en 1938. Il raconte l'histoire d'une jeune femme qui rencontre un riche veuf. Ils vont rapidement se marier et s'installer dans la demeure de celui-ci où la présence de feue Rebecca habite les lieux. Dans cette séquence, la nouvelle Madame de Winter entre dans la chambre de Rebecca. La gouvernante, Mme Danvers, la surprend dans la pièce et la lui fait visiter. Cette scène est étrange et véhicule un sentiment d'oppression.

Cette scène est en effet, très riche en révélations sur le personnage qu'est Mme Danvers. Dès son apparition, la gouvernante revêt un aspect fantomatique comme si elle ne vivait que pour veiller sur la chambre de Rebecca. Cet aspect est mis en avant par le fait qu'elle n'émet aucun son en marchant, Mme de Winter ne l'entend pas arriver, le spectateur non plus. Mme Danvers est donc inquiétante dès le début de la scène. Le plan large où elle apparaît avec sa robe noire derrière le fin rideau blanc qui sépare la chambre renforce cet aspect fantomatique, sa silhouette devient celle d'un spectre. Durant toute la scène elle reste froide comme le montrent les jeux de lumières qui viennent du bas et accentuent son teint pâle. Son visage reste sans expression hormis quand elle parle de Rebecca, notamment quand elle présente ses vêtements à Mme de  Winter. Son impassibilité est montrée par des plans resserrés sur son visage, où l'on peut voir que son regard reste toujours le même, ce qui insiste une nouvelle fois sur son aspect inquiétant. 

  La dévotion que semble porter Mme Danvers à Rebecca est sans limite. La chambre est montrée comme un sanctuaire dédié à la défunte Mme de Winter. Les très grandes fenêtres et les hauts plafonds de la pièce visibles dans de nombreux plans donnent un aspect de cathédrale à la chambre. La coiffeuse où la gouvernante a laissé toutes les affaires en place devient alors un autel en l'honneur de Rebecca. La très grande mémoire de Mme Danvers et l'importance qu'elle accorde à chaque habitude de son ancienne maîtresse sont effarantes et révèlent qu'elle y était très attachée. Mais cette relation devient inquiétante au moment où elle ouvre la penderie. Tous les vêtements y sont conservés, elle sort un manteau en fourrure pour le présenter à Mme de Winter. S'ensuit un gros plan où elle se caresse la joue avec la manche, puis caresse celle de son interlocutrice. Cette dimension malsaine de leur relation est soulignée au moment où elle déplie la nuisette et l'admire comme si elle voyait encore Rebecca la porter.

Cette fascination pour l'ancienne Mme de Winter la pousse à la comparer avec la nouvelle. En effet, elle lui fait revivre ce que Rebecca faisait, notamment au moment où elle la fait s'asseoir et lui montre comment elle coiffait son ancienne maîtresse. Elle lui fait visiter les moindres recoins de la pièce, lui montre et lui explique chaque détail. De plus elle la pousse à toucher les vêtements, comme avec la manche du manteau ou avec la nuisette. Elle compare également la relation de la défunte avec M. de Winter à celle qu'il a avec sa nouvelle femme, notamment quand elle dit qu'il ne lui offrait que des choses très précieuses. Elle dresse ainsi un portrait extrêmement flatteur de Rebecca, la présente comme une femme très aimée et très aimante envers son mari. Une pression sur la nouvelle Mme de Winter se fait alors ressentir, elle est oppressée et quitte la pièce en pleurant. Mais avant de partir elle est retenue par Mme Danvers qui dit toujours entendre Rebecca, renforçant ainsi la pression qu'elle met sur elle.

Ainsi dans cet extrait Mme Danvers est présentée comme une personne très inquiétante, totalement dévouée à son ancienne maîtresse. Cette dévotion est presque malsaine à certains moments et se répercute sur la nouvelle Mme de Winter, qui est dévalorisée et subit une énorme pression quand aux nombreuses différences présentes entre elle et la défunte.

Hugo Roger & Margot Romero