vendredi 19 janvier 2018

Jeff Costello, de Thésée au samouraï

Tout d'abord expliquons le choix du titre de notre article. Dans le mythe antique, Thésée est enfermé dans un labyrinthe gardé par le monstrueux Minotaure. Ce titre vise à mettre en évidence l'enfermement mental et le cercle de la mort qui emprisonne le personnage principal Jeff Costello.

Dans la chambre de Costello, premier décor à apparaître à l'écran, il n'y a aucun objet personnel, uniquement le strict minimum au niveau du mobilier. La chambre est disproportionnée : un petit lit, une armoire et, au centre de la pièce, une cage avec un oiseau, qui représente la seule présence de vie. Les plafonds sont hauts et les fenêtres rectangulaires. Il semble vivre anormalement, il est comme enfermé dans une boîte. Dans ce décor qui ouvre le film, on observe une source de lumière : les fenêtres. Celles-ci font ressortir une lueur bleutée, la fumée de la cigarette entamée par Jeff. On voit à travers cet appartement austère une certaine solitude.

Ensuite, dans tout le film, Costello est enfermé dans plusieurs types de cages. En effet, l'acteur ne cesse de se déplacer : il monte dans des cages d'escaliers, il ouvre puis ferme des portes, dont celles de l'ascenseur qu’il doit lui-même refermer. Nous pourrions faire un parallèle entre les portes qu'il ferme et la mort qui se referme sur lui. Il semble toujours emprisonné dans des sortes de boîtes de tailles différentes un peu comme des poupées russes. Il s'enferme jusqu'à trouver une issue : tuer la pianiste puis mourir, ou bien mourir seul. Ce cercle vicieux et cette solitude sont en fait une torture. En plus, Costello n'extériorise aucun sentiment. Il est donc difficile de comprendre son état d'esprit. Pour preuve de son enfermement, on a ses tocs réguliers comme la manière de mettre son chapeau, mettre ses gants, de vérifier si on ne l'espionne pas.

Il tourne dans un labyrinthe infini…En effet, il parcourt des kilomètres de quais et de couloirs de métro. Souvent un panneau « sortie » apparaît et pourtant, Jeff Costello se dirige invariablement vers un autre escalier : il ne peut pas ou ne veut pas s'enfuir. Dans le commissariat où Costello se fait arrêter, le Commissaire ne cesse de passer de pièce en pièce – de boîte en boîte- et Jeff lui ne bouge pas. Il sait qu'il n'a pas d’échappatoire possible : c'est un bandit, il est payé pour tuer. Après avoir été relâché du poste de police, le bras droit de son patron ne lui donne pas ce qu'il lui doit et tente de le tuer. Costello prend donc les devants et abat son chef. A partir de ce moment, Jeff sait que le temps lui est compté : il mourra. Il sera abattu par la police si celle-ci prouve qu'il est le tueur, ou bien les hommes de son patron le tueront. La fin est tragique car elle comporte les codes d'un film de tragédie : une fin triste avec une prise de décision entre deux issues horribles.


Noor Chehboun et Cécile Capide

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