vendredi 19 janvier 2018

La fierté du samouraï

Pour l'anniversaire des quarante-cinq ans de sa mort, Jean-Pierre Melville a accepté de répondre à quelques unes de nos questions durant une interview pour notre magazine, Le p'tit Yenba.


Vous êtes mort en 1973, pouvez-vous nous retracer l'histoire de votre vie, et de votre carrière ?

Oui, bien sûr... Je suis né en en France en 1917, sous le nom de Jean-Pierre Grumbach, dans une famille juive alsacienne. J'étais scénariste et réalisateur. Imaginez ! A sept ans je recevais ma première caméra ! Et à quinze, je découvrais le film Cavalcade, de Frank Lloyd. Tous ces événements réunis m'ont donné l'envie de faire ce métier de cinéaste, après avoir eu mon bac.


Avez-vous consacré toute votre vie au cinéma ?

Non, après avoir fait mon service militaire durant les années 1939 et 1940, je suis allé a Londres en 1942 où je me suis engagé dans la Résistance avec les Forces françaises libres. C'est aussi à ce moment que j'ai troqué mon nom pour celui de Melville en hommage à Herman Melville, l'auteur américain de Moby Dick, qui était mon écrivain préféré. J'ai participé aux campagnes d'Afrique et d'Italie, ainsi qu'au débarquement en Provence, ma participation à la guerre a forgé l'homme que j'étais.


L'homme que vous étiez ?

J'étais quelqu'un que l'on qualifierait de "control freak". J'ai toujours aimé avoir le contrôle sur ce que je faisais, un vrai perfectionniste ! *rire* J'écrivais, je réalisais, je produisais, je montais, je voulais tout gérer. De plus j'étais anxieux, maniaque et hypocondriaque.


Vous aviez un style particulier, n'est-ce pas, autant dans vos films que dans votre personnage ?

J'ai toujours adoré faire des films noirs. La plupart des thèmes qui ressortaient de mes projets étaient souvent l’échec, la solitude et/ou la mort.Ll'utilisation du noir et blanc les mettait bien en valeur. Concernant mon style, j'adorais mes lunettes, mon stetson et mes cigares, un vrai directeur américain.


Pensiez-vous faire partie de la Nouvelle vague ?

Non, mais je pense avoir marqué les jeunes cinéastes qui en ont fait partie ainsi que ceux du Nouvel Hollywood. Maintenant que je suis mort, je réalise avoir été leur père spirituel.


Pour terminer, êtes-vous satisfait de la vie que vous avez eue ?

Oui, je suis assez fier de mon parcours militaire et cinématographique, d'avoir créé mes propres studios et d'avoir eu la possibilité d’être acteur dans le film A bout de souffle. Après avoir eu de grand succès avec Le samouraï, Le cercle rouge, L’armée des ombres, Deuxième souffle, le stress dû à l’échec d'un de mes films m'a causé un AVC à 56 ans. Je suis mort en 1973, mais j’espère avoir marqué les générations...



Marie-Amélie et Océane


Sources :

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire