vendredi 19 janvier 2018

Le roman policier, une littérature populaire

Même si l'on peut considérer la tragédie de Sophocle Œdipe roi comme la première enquête policière de la littérature occidentale, même si dans Zadig Voltaire met en scène un personnage qui reconstitue un événement à partir de l'observation d'indices, le roman policier proprement dit (appelé aussi « polar » en France) est né au XIXème siècle. Il s'est développé grâce à la presse qui diffusait sous forme de feuilletons les chapitres de ces romans, ce qui entraînait l'enthousiasme du public qui devait attendre la suite de sa lecture.

Le récit est fondé sur une intrigue et sur une recherche méthodique de preuves, la plupart du temps au cours d’une enquête policière ou menée par un détective privé. Il comporte six invariants : le crime ou le délit, le(s) coupable(s), le mobile, la victime, le mode opératoire et l'enquête.

Edgar Allan Poe (1809-1849) a inventé certaines des caractéristiques essentielles de ce genre.Tout d'abord
il a créé un détective aussi intelligent qu’ excentrique, Auguste Dupin, qui est devenu l'ancêtre du Sherlock Holmes chez Arthur Conan Doyle ou encore d’Hercule Poirot chez Agatha Christie .

Le roman policier offre deux formes majeures qui sont le roman à énigme et le roman noir .

Le roman à énigme consiste à rétablir l'ordre de la logique à l’aide d'explications rationnelles, il ramène l'inconnu au connu. Le héros a des caractéristiques physiques minimales (dans le cas de Dupin) ou réduites à quelques manies (dans le cas de Sherlock Holmes). Il est porteur d'un discours moral où la découverte du criminel débarrasse le monde d'un être mauvais qu'il fallait punir.

Le roman noir met en scène un anti-héros, dénonçant les violences sociales avec une écriture brutale. Le héros porte un regard sans complaisance sur le monde, a souvent une clientèle douteuse et côtoie tous les milieux dans une atmosphère urbaine et inquiétante. Ce type de roman policier décrit la dégradation d'une humanité sans illusion, qui ne croit plus à la raison. Il a connu le succès après la guerre de 1914-1918.

Le roman policier connaît une évolution durant le XXème siècle, il perd son aspect moral et change les caractères des personnages : les détectives intelligents, droits et honnêtes laissent place à des personnages moins recommandables. Les « méchants », c'est-à-dire les voleurs ou les criminels, occupent le devant de la scène et prennent leur revanche. L'attention se déplace ainsi du détective au criminel, allant même parfois jusqu’à voler la vedette à l’enquêteur, voire à le rendre ridicule.

Aujourd'hui le roman policier fait partie des meilleures ventes et il est dans les préférences des lecteurs, ce qui lui permet de remporter de nombreux prix d'écriture.

Par exemple : 
 
- Le grand prix de littérature policière, qui consiste à récompenser les meilleurs romans policiers français et étrangers.
- Le prix Sang d'encre décerné chaque année depuis 1995 lors du Festival de Vienne en Isère.
- Le grand prix Paul-Féval de littérature populaire créé par la Société des gens de lettres.

Le roman policier n'est pas seulement une lecture divertissante, il sert aussi à dénoncer la société dans laquelle nous vivons, comme Thierry Jonquet qui dénonce dans ses livres la barbarie et la bêtise de l'homme ou encore la politique qui délaisse les plus faibles. Ainsi, Le Samouraï de Jean Pierre Melville dénonce l'enfermement des hommes dans une société où l'on ne peut s'épanouir


Lucie Hénin et Marine Le Gras



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